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Geraudly, un homme de son temps

Par Thierry Debussy, membre de la commission d’histoire de l’Académie nationale de Chirurgie Dentaire

Contemporain de Pierre Fauchard, Claude Jacquier, plus connu sous le nom de Geraudly, est né vers 1675 d’un valet de chambre-barbier du duc d’Orléans, dont il a du apprendre les rudiments de la pratique chirurgicale, les professions de chirurgien-juré et de barbier étant alors fusionnées (octobre 1655 – novembre 1691). Il paraît avoir exercé un temps comme itinérant, écoulant opiats et produits divers, quand l’édit royal de 1699 vient instituer un contrôle de la capacité professionnelle des opérateurs pour les dents. Il obtient alors un brevet royal qui lui permet de poursuivre son activité, sa vie durant et sur toute l’étendue du royaume, Paris inclus, et d’éviter toute poursuite (31 mars 1700). Peu après, il convole avec Marguerite Jacinthe, qui lui donne plusieurs enfants disparus dans leur prime jeunesse ; il s’en sépare de biens, puis de corps assez vite. Privilégié du Roi, introduit à Versailles, il soigne le duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, puis devient en 1718 le dentiste du Régent et de sa famille, reprenant également une charge de barbier-valet de chambre. Il publie en 1737 l’Art de conserver les dents, ouvrage simpliste qui rencontre toutefois un grand succès. A l’instar de son maître, il mène une vie dissolue. Claude Mouton, sans doute l’un de ses élèves, obtient la charge de chirurgien-dentiste du duc d’Orléans le 10 avril 1752 ; épuisé par ses travers, Geraudly meurt chez ce dernier le 14 octobre suivant.